Piloul(e) Patapouf(fe) : Le plan Z


Samedi 10 Août, c'est la Saint Laurent.

On fait simple: l'effondrement est effectif pour moi. Nan je déconne pas. Moi je suis dedans.

Je surveillais le ciel: c'était pas ça.
Je surveillais les actus sociales: pas ça non plus.
L'actualité monétaire: presque, mais non.

C'est mon p'tit cœur qui s'est effondré.
Infarctus affectif.
Vous avez le diagnostic, le compte rendu médical, je le garde pour moi.

3 options:

1- la corde.
2- clochard dans les Haut de France (retour à l'option 1).
3- le plan Z.

J'ai longuement hésité, tout seul dans mon ascenseur émotionnel entre ces trois options quelques temps.

Finalement ça sera donc le plan Z. 

Vous arrivez après la bataille, pas la peine de vous astiquer les méninges pour essayer de proposer des trucs et des machins pour me résonner ou pour que je rembobine un peu le film: ça sera non. Et je saurai me montrer têtu comme un âne, à plus d'un titre.

Ne me demandez pas non plus si j'ai pensé à mes enfants, sans vous demander avant si cette question n'est pas un peu con, on gagnera du temps.

Certains se préparent à l'effondrement depuis des années, d'autres étudient des pistes depuis peu, et bien moi, j'ai un mois pour me mettre sur les rails.

Et Tac ! Le compte à rebours a commencé.  1 mois (à la louche) de préparatifs, Départ entre le 8 et le 15 Septembre 2019. Pas plus tard, je dois être à l'abris pour l'hiver.

Plan Z et rien d'autre.

Le plan Z il va être vachement chargé d'émotions (pour moi), de crèves cœurs, mais ça, je le garde en off, parce que beaucoup de choses très intimes, sont à l'origine de ma décision radicale, et c'est trop frais et douloureux pour le partager maintenant.

Donc du positif.

Je vais mourir bientôt.
Rassurez vous, je ne sais ni quand, ni où, ni pourquoi, et vous n'êtes pas mieux loti que moi dans ce domaine, mais fort de cette idée, je fais le grand saut.
Je plaque le monde 2.0 : je quitte se monde de dingue.
Adieu donc monde de dingue.

Je vais avoir un âne, et pour un long, très long moment, il va devenir mon compagnon de route. Processus irréversible.

Je prends donc la route très bientôt, à pieds, avec "Piloul Patapouf" ou "Piloule Patapouffe", ça dépendra de ce que je verrai sous le ventre de mon âne quand je l'aurai trouvé.

Un feu rouge vient de passer au vert rendant l'utopie possible.

Quand je dis "Utopie", je veux dire que le plan Z, ce n'est littéralement que ça.
Je vais prendre tout ce que j'ai d'utopies, et je trace, direction le Lot (mais ça peut encore changer, ça on s'en fout pour le moment, je suis parti pour 800 km minimum à pinces et à sabots, avec une capacité de charge et un encombrement minimum.

Un voyage qui n'a pas de but précis, juste une vie au rythme solaire et des saisons. Road trip quoi. Une tente légère, mais prévue pour des conditions difficiles, de quoi avoir chaud et froid, une capacité de transport pour le moment inconnue: (il faut que je trouve un "truc" à accrocher derrière Piloul Patapouf) pour mettre mes petits trucs dedans, quelques outils polyvalents, de quoi vous écrire quand je trouverai du wifi, un appareil photo, pour vous montrer que je ne rigole pas, que j'en chie, la trouille au ventre et tout, mais que le chemin est beau et magnifique. Et basta.

Passer l'hiver "là-bas" et reprendre la route au printemps.
Bien évidement, c'est trop simple comme ça, je me suis dis que si je partais avec un compte en banque ça serait de la triche alors je fais sans. Paf dans ta gueule le banquier.
Alors une pièce d'identité pour moi, un numéro de SIRE pour l'âne, une carte de sécu, et c'est bien. Au moins je ne vous ferai pas chier avec un Leetchi, comme ça on restera potes.

Ne me lâchez pas: je vais avoir besoin de potes, c'est un voyage vers les gens, les lieux de résiliences, les cabanes dans les arbres, les yourtes, l'utopie des autres quoi, je vais les rencontrer c'est la finalité.

Bon déjà, je retourne voir le Grand Manitou et sa ferme aux coquelicots: t'as pas le choix bonhomme, c'est sur ma route. Juste après cette étape, j'avance dans l'inconnu pour rejoindre le chemin de St Jacques de Compostelle, parce que y'a que sur un chemin de pèlerins que j'ai une petite chance de vendre mes (superbes) bâtons de pèlerin et autres cannes de marche ou bâtons de randonnée, on s'en fout du nom: ça sera comme ça que je pourrai payer mes clopes et mes légumes, il faut que ça marche un minimum.

Je planque un arc dans la chariotte: si j'ai du bol et pas de témoins quand je croise un lapin ou une perdrix, je tente d'avoir de la viande pour le bivouac. Pour une fois que je peux la jouer viking...

J'aurais aussi quelques outils pour travailler le bois, j'ai une liste d'éco-lieux qui pratiquent gîte-hébergement contre travail, le plan Z, c'est aussi un jour à la fois, demain on verra: si ça marche tant mieux, si ça marche pas, j'aurai intérêt à être précis avec mes flèches et pas me planter avec les plantes que je ramasse pour bouffer. L'âne lui sans fout, à priori, j'ai pas mal lu sur le sujet. C'est une balade dans un frigidaire plein pour lui, j'ai beaucoup lu sur la bestiole, et comme unique compagnon de route, il va avoir toute mon attention, mon amour, et je vais prendre soin de lui comme de ma dernière paire de chaussettes sèches après une semaine de flotte. C'est promis, il sera bien traité et soigné. Il sera même probablement beaucoup aimé, ce type de voyage, c'est aussi un peu la vie idéale pour un âne si j'ai bien compris. Et j'avoue que d'être accompagné par un alter-ego qui me prêtera de l'empathie dans les premiers moments des nouvelles rencontres, ça peut aussi m'aider.

Moi, la nature et Piloul Patapouf donc. Je ne mettrai plus les pieds en agglomération, je reste au max à la campagne et les petites bourgades. Je ne donne plus un rond, une fois mon départ effectif, à une enseigne dont le logo serait connu par tous, enfin sauf les débit de tabac: j'arrive pas à me calmer là dessus, et là c'est pas le moment du tout, parce que je suis joyeux-joyeux comme un fou, mais j'ai la plus grosse trouille de ma vie, (gardez le côté joyeux-joyeux), c'est pas le moment de me coller des doutes: ça n'empêchera plus la mise en mouvement inévitable, mais ça va me faire flipper encore plus que je ne le suis déjà et ça c'est pas bien.  D'autant que je pars avec un cœur en miette, mais c'est trop tôt pour moi de vous parler de ça à ce stade. La clope et l'addiction au tabac c'est donc le talon d'Achille du truc, Mais ouvrir à nouveau un compte en banque pour un Leetchi clopes, c'est la honte.

Bon aller on se détend et on m'aide en rigolant et en me donnant des conseils qui peuvent être utiles,  sans me faire flipper avant les 300 premiers kilomètres. même si je n'ai pas peur la nuit dans les bois sans lumière.

Zeb. Un peu libre dans sa tête et complètement désormais dans sa vie.
y'a plus qu'à trouver le bon équilibre. Y'a pas de filet, juste vous, et bientôt mon âne.

Et dire que vous vous imaginiez que j'étais juste fou: Ha ha ha (hi-han) !!!
Finies les chroniques donc.
Maintenant place à une épopée.
Le groupe change de fonction et de nom: ça devient mon carnet de bord, plus de projets à la con, de l'action et des attaques d'orties.

Fini les chroniques de Zeb, on passe à la "lettre aux copains" en fonction du wifi que j'aurai (pas la peine de me téléphoner, j'ai plus de téléphone depuis... ... je ne sais plus. Et c'est bien comme ça: c'est écolo.

Pour le reste, si je passe prêt de chez vous par hasard et que vous n'avez rien contre les nomades: faites vous connaître. On ira se taper l'incruste un peu chez vous et si je peux rendre service en échange, ça marche.


(Ps: super important à mes yeux d'ajouter ce qui suis).

Je veux dédier ce voyage sans retour à la normale prévu, à mon cousin Nicolas, mort d'un truc con comme la lune en 2017. Indéniablement, si ce road-trip est rendu possible ça sera essentiellement grâce à lui et à Marco qui se reconnaîtra. Je serai ses yeux et toutes les photos que je ferai en route, seront celles qu'il ne prendra plus jamais: on avait cette passion en commun. Merci mon pote: même quand t'es plus là, je peux encore compter sur toi, tu me sauves la peau quand j'en ai le plus besoin.

Quand à mon âne, pourquoi ce nom de Piloul(e) Patapouf(fe) ? C'est un petit secret entre Le frère de Nico et Moi, mais je suis certain que ce nom l'aurait beaucoup amusé. Et je tenais beaucoup à un nom qui me rappellera ce que je leurs dois. Je ne pouvais pas faire moins.






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