Un pavé dans la connerie.

C'est vrai que dès qu'on ouvre la télé ou qu'on se laisse dériver sur internet, on s'expose à une dose de connerie assez forte. L'effet est assez rapide. On a de la connerie du quotidien, de la connerie endémique, de la connerie mondialisée, de la connerie individuelle, de la connerie de masse, de la connerie dont on préfère rire de peur d'avoir à en pleurer. Quand je fais l'effort de regarder cette connerie en face, je n'arrive pas à en voir la fin. J'ai envie de me mettre à hurler et de dire stop à la connerie, mais la personne à côté de moi va me regarder avec des yeux globuleux en se demandant ce que c'est que cette connerie encore. J'ai déjà essayé de discuter de ça avec des gens, calmement, mais ça change rien, finalement, il y a toujours un moment où, lorsqu'on veut régler une connerie, celle-ci émerge de là où on ne l'attend pas. La connerie aime bien les zones d'ombres, et les espaces hors-champs. La connerie est incrustée en profondeur. Quand on s'attaque à la connerie on l'étale. La connerie est résiliente.

A un moment, il faut finir par admettre que la connerie est un constituant de toutes choses.
Les physiciens se prennent la tête pour essayer de définir ce qu'est la matière noire, quand beaucoup trouvent que c'est perdre du temps sur des conneries, peut-être que finalement la connerie n'est rien d'autre que la matière noire. C'est juste une hypothèse, mais on entend tellement de conneries, que cette hypothèse devient finalement crédible. Et ça serait pour ça que la connerie s'infiltre partout.

La connerie prend des tas de formes. Dans le carton de la connerie ordinaire on peut mettre plein de choses: la jalousie, l'envie, l'égoïsme, la bêtise, l'ignorance, la désinvolture et j'en oublie. Rien qu'avec ce petit paquet de conneries, on a déjà de quoi tenir un bon moment en matière de conneries.

J'aimerai voir ce que ça peut donner un monde sans connerie. Deux, trois, jours comme ça, juste pour déconner. Mais ça risque d'être super chiant à vivre comme expérience. Déjà, il va falloir que je me sépare d'une bonne partie de moi-même. Et plus j'y pense, plus je me demande ce qu'il va au rester au final du Zeb que je connais. Aurai-je du sens sans ma connerie ?

Et puis comment appréhender un monde où les conneries contradictoires, de la connerie ordinaire, n'existeraient pas. Quel sens aurai un consensus perpétuel ? Et peut-il y avoir un bon sens commun sans connerie individuelle ? De quoi aurai-je l'impression d'évoluer, si ce n'est de la connerie de l'autre qui façonne ma propre connerie ?

Et que dire de toutes ces conneries qui me dépassent alors qu'elles ne volent pas haut ? Comment se fait-il que ce soient les conneries qui me semblent les plus inconsistantes, qui parviennent le mieux à alourdir la consistance de l'air, au point de le rendre irrespirable. Comment expliquer que ces petites conneries d'une stupidité évidente, soient aussi les plus communes et les plus aptes à ce propager ?

La traque à la connerie ne fait que soulever des interrogations. Et vaincre la connerie n'a que pour effet de lui faire changer d'état, la connerie ne meurt pas, jamais. 

Nous mourront tous cons. J'en ai bien peur.

Zeb

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