Il était une fois...

ACTE I

Bon, voilà le jardin est prêt pour l'hiver... ...qui dure ici 8 mois.

Il me reste bien quelques feuilles d'épinard, des pois et des fèves à surveiller, mais on ne va pas se mentir, avec l'hiver qui s'annonce, on va un peu se faire ch(auto-censure) au jardin.

Comme ça va être plus calme, j'ai eu envie de chroniquer un peu mon vécu en permaculture et vous raconter un peu ma permagénèse. Principe perma: prendre soin des hommes, je tente ça par l'humour qui paraît-il se partage assez bien, en espérant que le mien soit assez polyvalent, on verra...

L'histoire commence au XXI siècle dans les Hauts de France (Pour les gens du sud: oui c'est habité, aussi improbable que cela puisse paraître).

Les rumeurs et les caricatures sur cette région vont bon-train, toutes sont fondées.

Notre accent est dû à une consommation abusive de Picon-bière (que nous consommons ici sans modération), ce qui a pour effet de nous déformer très jeune la mâchoire "Ché pour cha qu'un parlo com cha" (trad: C'est pour ça que nous nous exprimons ainsi). Le Picon-bière étant fabriqué à base de charbon, les effets neurologiques sont nombreux: QI parfois négatif, humour lourd, flatulences chroniques,  attirance pour l'accordéon, pratique compulsive du tricot (voir du crochet), foot.

On évoque beaucoup la consanguinité, là encore tout est vrai. Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait: les routes ne sont pas goudronnées, souvent impraticables, parfois dangereuses à cause des pillards venus de la Belgique Wallonne: nous vivons très confinés et en clans. Les températures et le manque de ressources énergétiques* ont eut pour effets de favoriser la pratique dite "du partage de chaleur animale" et souvent, ça dérape...

(*ce qui reste de charbon est destiné exclusivement à la production du Picon)

On dit souvent que nous sommes une tribu joviale et accueillante: alcoolique et fornicatrice serait plus juste, mais on va garder la première version, histoire de ne pas décourager les rares touristes, seule source de viande dans la région.

Le climat ici est tempéré, mais cette définition date de l'époque Mérovingienne coïncident avec la fermeture de la dernière bibliothèque régionale, ceci-explique cela. En fait, depuis la découverte du Picon, les rejets de méthane (flatulences chroniques) ont bouleversé le climat local, maintenant il caille, il pleut, notre atmosphère filtre les rayons du soleil et empêche le spectre lumineux de diffuser autre chose que du noir ou du blanc. Nous expérimentons les effets du réchauffement climatique depuis le Vème siècle, avec peu de succès j'en conviens, puisqu'il caille de plus en plus ici.

Notre sol est calcairo-charbonneux. Consommable en l'état. Certains de nos lombrics font plus de 12 mètres. La faune est constituée essentiellement de mouches vertes (dites mouche-à-brun), et des limaces. La flore sauvage est essentiellement constituée de houblon et d'orties urticantes (certaines espèces sont mortelles) et l'agri-monoculture se pratique via l’épandage par canadaires de glyphosate sur un sol au préalable travaillé à la dynamite pour le rendre malléable. 3 grandes cultures: des pommes de terre "frites", des patates "à l'eau", des patates "toi-même", même si c'est un peu prêt la même souche: la patate ici est également consanguine.

Bon voilà le décors est planté.

J'ai découvert le terme permaculture il y a 9 ans. Un pur hasard en fait. Je profitais des 13 minutes de connexion mensuelle en 2G que l'on a ici, pour faire une recherche sur le permafrost, l'autre nom que l'on donne à nos sols, quand par erreur j'ai tapé permaC à cause de ma cousine qui me réchauffait le ventre et qui m'a fait bouger lors de ma frappe sur mon clavier. Groogel (notre moteur de recherche) a

donc affiché "permaculture" puis j'ai perdu la connexion...

C'est 43 jours après, lorsque le satellite russe qui couvre la région est repassé que j'ai commencé à lire l'article.

La permaculture est un ensemble de... (perte de connexion)

Tant est si bien que 7 ans après (septembre 2015) j'avais pu reconstituer le puzzle en intégralité, mais j'ai perdu 2 ans en téléchargeant illégalement le teaser de walking-dead qui avait été tourné près de chez moi. Bon ça c'est de l'anecdote.

Bref après avoir cultivé pendant des années l'autodérision, j'ai décidé de me lancer dans la permaculture...

Pour être parfaitement honnête ça a commencé plutôt mal.

Mon beau-père (qu'il ne compte pas sur moi pour se réchauffer) avait laissé le fond de son jardin potager à l'abandon...

Comme je travaillais au chômage et que le ruissellement économique n'avait pas encore commencé, j'ai entrepris de squatter son terrain devenu vague dans le fond comme dans la forme. La nature avait largement repris ses droits, et (pour de vrai cette fois) je n'avais pas encore entendu parlé du terme permaculture. J'ai donc arraché les mauvaises herbes, coupé des arbres puis unifié copieusement le terrain au motoculteur...

Dans mon ombre (c'est une image, ici on a pas d'ombre car pas de soleil) mon beau père qui observait le chantier en pensant à voix haute qu'il planterait quand même bien quelques haricots (bah tu m'étonnes, maintenant que le gros du boulot est fait...). C'est lui qui m'a suggérer de copieusement asperger la terre de Roundup pour génocider une bonne fois pour toute, les orties (que j'arrache à mains nues, et ouaip les p'tits gars et les p'tites dames, on est consanguin, mais le dernier apport frais de gène était Viking...). C'est en tapant "Roundup" sur internet , que j'ai donc (vraiment) découvert le terme permaculture. Marrant non ? Si je suis permaculteur amateur aujourd'hui, c'est grâce à Monsanto ! Mouarf !!!

Bon la première année c'était de la "perma" bancale: le sol fraîchement labouré en profondeur, des graines achetés chez Lidl, des plantations plantées en retard, j'avais toute ma place dans le groupe "permaculture pour les nuls"...

Ce qui m'a plu dans mes lectures sur le sujet c'est l'association des termes potager et paresseux.

J'ADORE le mot "paresseux", Je milite pour le mot "paresseux", trop souvent et bien injustement associé à la feignantise. Mais ça n'a rien à voir ! Le paresseux fait des tas de choses ! Et il les fait très bien: confiez sans problème des tâches à un paresseux, car il n'aime pas refaire les choses, du coup il les fait BIEN. Le feignant c'est autre chose... ...lui il traîne les pieds, rechigne sur tout, il faut sans arrêt refaire se qui aurait dû être fait depuis longtemps, il pinaille, il ment, brasse du vent, comme un politique, suivez mon regard....

Bref, l'année "1" de ma permaculture fût plus théorique qu'autre chose...

N'empêche, avec des p'tits gars comme Louis Salmon (pour ne pas le citer), je eu sérieusement envie de me mettre à la paresse. Louis, c'est mon Pierre Rabhi du nord (dommage qu'il fasse parti d'une tribu Wallonne, mais personne n'est parfait). Louis, il a avalé une encyclopédie, et quand tu ne sais pas un truc, tu postes et paf! Cash, il te ressort la page 1027 du bouquin sur la phylogénie des eucaryotes, avec le latin qui va avec.

Et le gars il ne se rase même plus !

(Je vend des tee-shirt à un prix prohibitif à son effigie si vous en voulez)

Et puis il y a Léa Rouen . Comment ne pas la citer également ?

La "modo" qui taille à la hache des perma-short à ceux qui confondent permaculture avec Gala.

(Mais qui pratique un peu moins le latin au profit du sms)

La fille qui ne dors jamais, pour publier plus vite que son ombre. Même si bousille son bilan carbone...

Merci pour tes partages d'articles.

Grâce à vous deux, j'ai déjà réussi à faire pousser un fayot.

Bref, on arrive à l'année 2...

Mais pour que je vous raconte, il va falloir mettre déjà assez de like sur cette première chronique.

Comme je suis paresseux, je ne vais pas me lancer dans l'écriture de la bible si tout le monde préfère regarder Cyril Hanouna sur la 8.

à bientôt (peut-être)
(Ps: Bon j'admet que l'orthographe, la grammaire et moi c'est pas toujours le grand amour. Pas de panique, je peux corriger alors ce n'est pas la peine de me coller la honte en commentaire,
ma mère pourrait le lire et ça lui ferait mal au coeur. Un petit message en privé, et hop d'ici un mois ou deux on en parlera plus...)